Dans l’ouvrage visionnaire The Globotics Upheaval, l’économiste Richard Baldwin décrit une réalité que beaucoup refusent encore de regarder en face : le marché du travail tel que nous le connaissons est en train de se dissoudre. Deux forces convergentes l’automatisation par les robots et la télémigration par le numérique viennent bouleverser nos repères historiques. Ce double choc, que Baldwin qualifie de silencieux mais radical, pousse à une réinvention urgente des modèles économiques, éducatifs et sociaux. Et pourtant, au cœur de cette bascule, une opportunité unique se dessine : celle de construire un nouveau contrat du travail, plus équitable, plus global, et plus humain.
Les cols blancs ne sont plus à l’abri
Pendant longtemps, la robotisation semblait réservée aux usines. Les cols bleus étaient les premières victimes de l’automatisation. Aujourd’hui, la vague atteint les cols blancs. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, des tâches autrefois jugées “intellectuelles” sont désormais exécutées par des algorithmes : rédaction, assistance administrative, gestion de données, voire même conseil juridique.
Parallèlement, la généralisation du travail à distance a donné naissance à un nouveau phénomène : la télémigration. Désormais, un jeune diplômé à Dakar, Kigali ou Antananarivo peut répondre à une offre d’emploi en France, au Canada ou aux Émirats sans jamais franchir de frontière. La mondialisation des services, autrefois ralentie par des barrières physiques ou réglementaires, est en train de se fluidifier à une vitesse inédite.
Et contrairement à l’image d’un lointain avenir, ce mouvement est déjà là. En silence, des milliers d’entreprises délocalisent partiellement leurs fonctions support, confient des projets entiers à des freelances à distance, ou recrutent des talents dans des pays où le coût de la vie est moindre. Le tout, facilité par une infrastructure numérique qui rend le monde aussi petit qu’un écran de smartphone.
De la menace à la responsabilité : créer des ponts, pas des murs
Chez Breedj, nous faisons le pari inverse de la peur : nous croyons que cette révolution peut – et doit – être structurée de façon responsable. La télémigration ne doit pas être un outil pour exploiter des talents à bas coût. Elle peut devenir un levier d’impact social et économique si elle repose sur un cadre transparent, éthique et sécurisé.
Notre plateforme permet à des entreprises internationales d’accéder à des talents qualifiés en Afrique, tout en assurant un environnement légal conforme, un accompagnement RH adapté et une relation de travail digne. Nous ne recrutons pas des CV, nous accompagnons des cerveaux. Et surtout, nous construisons un pont entre deux mondes : celui des entreprises en quête de flexibilité, et celui des jeunes talents africains en quête d’opportunités.
Cela implique un modèle d’intermédiation innovant, mais aussi une vision politique : la croissance du télétravail transfrontalier doit servir à réduire les inégalités, pas à les accentuer. En connectant les zones sous-représentées aux besoins économiques mondiaux, nous contribuons à rééquilibrer les chances et à structurer une mondialisation plus humaine.
Une transformation systémique à accompagner
Mais soyons lucides : cette transformation ne peut reposer uniquement sur les épaules des start-ups et des entreprises innovantes. Elle appelle à une révision en profondeur de nos politiques publiques, de notre système éducatif, et de notre sécurité sociale.
D’abord, sur le plan éducatif, il faut former à la collaboration numérique, aux soft skills, à l’esprit d’adaptation et à la maîtrise d’outils d’IA. Il ne s’agit plus simplement d’apprendre un métier, mais d’apprendre à évoluer dans un monde du travail liquide, changeant, globalisé.
Ensuite, sur le plan social, il devient crucial d’imaginer des formes de protection transnationales. Que se passe-t-il quand un développeur ivoirien travaille pour une PME allemande en freelance ? Où est sa sécurité sociale ? Son droit à la retraite ? Ces questions vont devenir centrales dans les années à venir.
Enfin, sur le plan réglementaire, les États doivent accélérer la reconnaissance du travail à distance comme un modèle légitime et structurant. Le salariat local n’est plus la seule voie d’intégration économique. L’économie mondiale se transforme et les législations doivent suivre.
Ce que nous dit l’Afrique : un continent prêt à travailler autrement
L’Afrique est souvent perçue à tort comme une zone périphérique, alors qu’elle est en train de devenir le cœur démographique et numérique de la planète. D’ici 2050, un quart de la population mondiale vivra sur le continent africain. Plus de 70 % de cette population aura moins de 30 ans. Cette jeunesse, ultra-connectée, formée en ligne, parfois multilingue, est prête à intégrer l’économie mondiale – à condition qu’on lui en donne l’accès.
Le travail à distance permet de sauter des étapes de développement traditionnel. Il n’est plus nécessaire de construire une zone industrielle pour embaucher 1 000 personnes. Il suffit de connecter les bons profils aux bons projets, via les bonnes plateformes, dans un cadre sécurisé.
Breedj ne prétend pas tout résoudre. Mais nous montrons qu’il est possible de penser une télémigration responsable, qui ne repose pas sur l’exploitation, mais sur la valorisation des compétences locales. Nous pensons qu’en investissant dans la formation, l’infrastructure numérique et la contractualisation transparente, nous pouvons créer un modèle gagnant-gagnant.
Le rôle des acteurs de l’EOR : structurer la mondialisation du travail
Dans ce contexte de transformation globale, les acteurs spécialisés dans l’Employer of Record (EOR) jouent un rôle essentiel. Ils apportent une réponse concrète aux défis juridiques, fiscaux et administratifs que pose la mondialisation du travail. En agissant comme tiers de confiance, l’EOR permet à une entreprise d’embaucher un talent à distance, dans un autre pays, sans devoir y créer une entité légale. Cela fluidifie la mobilité professionnelle, sécurise les relations de travail et garantit la conformité locale. Ces solutions sont particulièrement adaptées à l’essor du travail transfrontalier, et constituent une infrastructure invisible mais décisive de la nouvelle économie du travail. Chez Breedj, nous avons fait de ce modèle un levier d’inclusion, en facilitant l’embauche de talents qualifiés en Afrique tout en respectant les cadres locaux et internationaux.
Le bouleversement que nous vivons n’est pas une crise temporaire. C’est une refonte structurelle du rapport au travail, à la localisation, et au statut de l’emploi. L’automatisation va continuer. La télémigration va s’accélérer. La seule vraie question est : comment allons-nous organiser cette nouvelle donne ?
Nous appelons les gouvernements, les entreprises et les institutions à rejoindre ce mouvement. Non pas pour le freiner, mais pour le canaliser intelligemment, dans l’intérêt des talents, des territoires et des sociétés.
Chez Breedj, nous faisons le pari que le futur du travail n’est pas une guerre des talents, mais une alliance mondiale de compétences. Il est temps de passer de la peur de la disruption à la construction d’un avenir du travail plus ouvert, plus juste, et résolument global.